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L'insight est ce "moment Eureka" ou "moment aha!" où nous avons l'impression qu'une solution nous tombe dans la tête comme une surprise, souvent au moment où on s'y attend le moins.
Dans le domaine de la résolution de problèmes ("problem-solving"), on peut définir l'insight comme l'apparition soudaine et surprenante d'une idée de solution, d'une nouvelle compréhension ou d'une prise de conscience au sujet d'un problème à résoudre ou d'un projet (Kounios & Beeman, 2014). Les neurosciences récentes tendent à montrer que l'insight est un processus mental à part, différent de la pensée rationnelle.
L’approche que je développe actuellement dans mon doctorat en psychologie à l’Université de Montréal vise à mieux comprendre l'insight et à développer des outils permettant de favoriser l'apparition d'insights pour aider des chercheurs en sciences à résoudre des problèmes qui résistent à l'analyse. Mais ces outils peuvent être utilisés dans de nombreux domaines...
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Université de Montréal
Projet de Doctorat
Application des outils éricksoniens de psychothérapie à l’aide à la résolution de problèmes dans la recherche scientifique
Par Thomas Davy
Sous la direction de Christian Voirol & David Ogez
Doctorat Ph.D Recherche Option Générale
Programme 3-220-1-0
Juin 2023
© Thomas Davy, 2023
Table des matières
1 Introduction.
2 Contexte théorique.
2.1 Psychothérapie éricksonienne.
2.2 Recherche scientifique, créativité et insight
2.2.1 Insight et neurosciences.
2.2.2 Incubation & insight
2.2.3 Abstraction et insight
2.3 Intégration des données théoriques.
2.4 Objectifs & Hypothèses.
3 Description de la recherche.
3.1 Considérations générales sur la méthodologie.
3.2 Étude partie 1: mesurer l’insight chez les chercheurs.
3.2.1 Contexte.
3.2.2 Devis et processus.
3.3 Étude partie 2: favoriser l’insight chez les chercheurs.
3.3.1 Contexte.
3.3.2 Devis et processus.
5 Bibliographie.
Ce projet de doctorat est né d’un parcours professionnel de 30 ans, et de la conjonction de plusieurs centres d’intérêt : curiosité pour les développements de la recherche scientifique dans plusieurs domaines; pratique de la composition musicale; exercice des psychothérapies « éricksonienne » et « brève Palo Alto » qui conçoivent l’inconscient comme une ressource considérable de moyens et de solutions. C’est la conjonction entre ces trois expériences qui a fait germer l’idée, il y a une dizaine d’années, que les outils éricksoniens pourraient être adaptés pour aider des chercheurs à résoudre des problèmes résistants à la meilleure pensée scientifique : comme en science, les situations de psychothérapie sont souvent des problèmes à résoudre imperméables aux meilleures analyses rationnelles et demandant pour les solutionner de « composer » une pensée autre, créative du problème. Après quelques rencontres intéressantes avec des scientifiques, l’auteur a pensé que le doctorat en psychologie était le meilleur moyen de tester son idée.
Milton Hyland Erickson était un psychiatre américain (1901-1980) qui a beaucoup étudié l’hypnose clinique et en a fait un outil moderne de psychothérapie. Il était ami du couple Gregory Bateson et Margaret Mead, a participé à l’émergence du courant systémique, a été une source d’inspiration pour plusieurs membres de l’école de Palo Alto dès ses débuts (Jay Haley, Paul Watzlawick, John Weakland…) et a fondé « The American Journal of Clinical Hypnosis ». L’hypnose était pour lui toujours de l’auto-hypnose et le rôle de l’hypnothérapeute, loin d’être autoritaire ou manipulateur, était toujours de permettre à ses patients d’accéder à leurs ressources mentales de la manière qui leur convenait personnellement. En collaborant avec Bateson et Mead sur les phénomènes de transe, il a forgé une nouvelle conception de l’hypnose comme état d’éveil particulier universellement répandu et dans lequel la personne a accès à des ressources mentales généralement non accessibles dans l’état de conscience ordinaire (Erickson, 1980; Haley, 1984; Malarewicz & Godin, 1989).
Il a également développé une approche nouvelle et originale de l’aide aux personnes: contrairement aux théories psychodynamiques en cours à son époque, il pensait que l’inconscient était surtout un formidable réservoir de ressources mentales accessibles et mobilisables, notamment dans l’état hypnotique. Il concevait la psychothérapie comme une entreprise d’adaptation du thérapeute à la diversité des comportements et des états d’esprit humains (Haley, 1984). Plutôt que de partir de l’observation des psychopathologies, il partait des capacités des personnes à gérer mentalement les souffrances et les difficultés rencontrées dans la vie. C’est dans l’observation de ces capacités et dans sa propre expérience de souffrance (poliomyélite à 17 ans suivie d’une paralysie presque totale) qu’il a découvert l’étendue des moyens dont dispose notre inconscient. Dès lors, il s’est évertué à développer un ensemble de techniques servant à mettre en marche ces moyens inconscients au service des patients. Erickson considérait que chaque patient était unique et voyait chaque nouveau cas comme une occasion de développer des techniques nouvelles. Il pensait que ce qu’on appelle la résistance en psychothérapie était la mesure de l’incapacité du thérapeute à s’adapter à son patient (Haley, 1984).
Les principes de l’intervention éricksonienne en psychothérapie, développés et améliorés ensuite par d’autres thérapeutes tels que Bill O’hanlon, Steve de Shazer ou Jeffrey Zeig, sont (O’hanlon, 2009):
-L’orientation vers les solutions : plutôt que de chercher à placer le patient et ses symptômes dans une théorie du fonctionnement psychique, le thérapeute s’intéresse seulement aux solutions qui pourront être utilisées pour aller mieux. Le patient est vu comme un être unique, qui n’a pas jusqu’alors pu utiliser toute l’étendue de son potentiel mental. Les symptômes sont vus comme découlant d’éléments circonstanciels et de limitations à l’utilisation des ressources.
-La permissivité : toute attitude mentale du patient est permise, c’est au thérapeute à s’adapter. Plutôt que de suggérer, le thérapeute évoque des pistes possibles de travail thérapeutique. C’est le patient qui est l’expert en psychothérapie, il se guérira à sa propre manière.
-L’utilisation : tout ce que le patient amène est susceptible d’être utilisé, il n’y a pas de « mauvais éléments ».
-Les ressources inconscientes positives : l’inconscient n’est pas vu comme le seul siège de pulsions négatives et de traumas mais aussi comme un immense réservoir d’outils mentaux, tels que la possibilité de voyager intérieurement dans le temps et l’espace, la possibilité d’être le metteur en scène filmographique de ses souvenirs, les possibilités de généraliser des apprentissages à de vastes champs d’applications, la possibilité de changer les perceptions physiques comme la douleur et l’inconfort et certains mécanismes physiologiques…
-Le potentiel de changement : les personnes ont la capacité naturelle de changer leur réalité psychologique, le thérapeute est là comme facilitateur de cette capacité.
Ces principes ont comme conséquence que chaque cas de thérapie peut mener le thérapeute à inventer de nouveaux outils. De plus, cette approche peut être utilisée dans n’importe quel contexte et n’est rattachée à aucun modèle de la psychopathologie ou de la personnalité. Les interventions permettent souvent des résultats rapides et se basent sur un principe de transfert des solutions : une amélioration de l’état de la personne dans un domaine peut souvent être utilisé, consciemment ou inconsciemment, pour améliorer d’autres domaines.
En marge de l’application rigoureuse de la pensée rationnelle scientifique, l’évolution de la connaissance humaine et la recherche scientifique sont parfois associées à des épisodes créatifs. Le mathématicien français Henri Poincaré par exemple, relate dans un article de 1908 comment il a résolu d’importants problèmes suite à des états de pré-sommeil, des périodes d’incubation et des survenues soudaines et inexpliquées d’idées de solutions (Poincaré, 1908). Dans les années 1930, Albert Einstein écrivait : « Si vous voulez étudier chez l’un quelconque des physiciens théoriciens les méthodes qu’il utilise, je vous suggère de vous tenir à ce principe de base : n’accordez aucun crédit à ce qu’il dit, mais jugez ce qu’il a produit! Car le créateur a ce caractère : les produits de son imaginaire s’imposent à lui, si indispensables, si naturels, qu’il ne peut les considérer comme image de l’esprit mais qu’il les connaît comme réalités évidentes. » (Einstein, 1979, p. 129). C’est donc que pour Einstein la recherche en physique fondamentale est aussi une affaire d’imaginaire et d’idées qui « s’imposent ».
Classiquement, l’enseignement scientifique universitaire insiste sur les logiques de pensée sous-jacentes à la rationalité nécessaire à toute recherche efficace, entre autre au travers du modèle hypothético-déductif (Fortin & Gagnon, 2010). Toutefois, les autres types de pensées parfois bien utiles à la résolution de certains problèmes, comme la pensée créative et l’insight, ne font en général pas partie du cursus universitaire en science (Ulibarri, Cravens, Svetina Nabergoj, Kernbach, & Royalty, 2019). Ils s’imposent « simplement » dans le parcours de certains chercheurs. Plusieurs psychologues se sont intéressés à ces situations et ont découvert que l’histoire des sciences est jalonnée de récits de découvertes faites durant ou après le sommeil, en lien avec des épisodes de vagabondage mental ou de rêverie ou à des moments où la personne est occupée à tout autre chose que le travail de recherche concerné ou lorsque des solutions surviennent soudainement à l’esprit, d’une manière surprenante et inattendue. C’est le cas des anecdotes relatées par Henri Poincaré (1910), Herman Helmholtz (1896), Jacques Hadamart (1949), Linus Pauling (1963), Otto Loewi (1953, 1960), Dmitri Mendeleev (1869) ou encore August Kekulé (1890) (Gilhooly, 2019).
La créativité est devenue depuis les années 1950 un domaine de recherche important en psychologie (Kaufman & Sternberg, 2019). Plusieurs auteurs se sont intéressés aux caractéristiques de personnalité en lien avec la créativité (Feist, 1998; Grosul & Feist, 2014) et ont relevé que « l’ouverture à l’expérience » était le trait de personnalité le plus fortement corrélé aux compétences créatives. D’autres ont étudié les processus mentaux en jeu dans la créativité (Simonton, 2003) et plusieurs théories ont vu le jour. D’autres enfin ont tenté de comprendre les mécanismes neuro-cognitifs sous-jacents, sans pouvoir vraiment les identifier à ce jour (Chen, Beaty, & Qiu, 2020; Kenett et al., 2018; Stevens & Zabelina, 2019). Toutefois, il est une partie de ce domaine qui nous semble particulièrement intéressant lorsqu’on pense au monde de la recherche scientifique : c’est l’étude du phénomène d’insight en lien avec la résolution de problèmes. Après des tentatives infructueuses pour trouver une traduction française, nous avons décidé de conserver le terme « insight ».
Dans The Art of Thought, Graham Wallas explore comment les connaissances de la psychologie peuvent aider un penseur à améliorer ses processus de pensée, et il décrit cinq stades du processus créatif dans la résolution de problème : la préparation(prise de connaissance des données du problème et réflexion rationnelle) ; l’incubation (temps d’arrêt de la réflexion) ; l’intimation(sensation que l’illumination est proche, signifie que des trains de pensée inconscientes commencent à remonter à la conscience) ; l’illumination(moment « aha ! », arrivée soudaine d’une ou plusieurs idées à la conscience, c’est l’insight proprement dit) ; la vérification(application de l’idée au contexte du problème et vérification que cela amène véritablement une solution) (Wallas, 1926). Ces étapes sont toujours utilisées aujourd’hui dans la littérature pour décrire la résolution de problème par insight.
Qu’est-ce que l’insight ? En psychologie clinique, le terme insight renvoie à une conscience de soi, de notre fonctionnement et de nos symptômes psychologiques. En neuroscience cognitive, Kounios et Jung-Beeman ont fait en 2014 une revue de la littérature des études sur l’insight et se sont penchés sur le problème de sa définition : « […] nous définissons l’insight comme toute soudaine compréhension, prise de conscience ou résolution de problème impliquant la réorganisation des éléments des représentations mentales qu’une personne a d’un stimulus, d’une situation ou d’un événement, et menant à une interprétation non évidente et non dominante. (traduction de l’auteur) » (Kounios & Beeman, 2014). De plus, l’insight est souvent accompagné d’une forte surprise et survient souvent dans le contexte d’une impression d’impasse ou de blocage. Ces caractéristiques en font un phénomène particulièrement pertinent pour décrire les processus créatifs à l’œuvre dans la recherche scientifique.
Dans leur étude de 2004, Jung-Beeman et al. ont tenté de voir s’il existe des bases neurologiques à une distinction entre les résolutions de problème avec et sans insight (Jung-Beeman et al., 2004). Ils présentaient visuellement aux participants des suites de trois mots. Il fallait trouver quel autre mot permettait de relier les trois mots présentés. Les sujets devaient appuyer sur un bouton pour signaler qu’ils avaient trouvé une réponse. A ce moment, on leur demandait si cette réponse leur était venue soudainement dans un moment d’insight ou autrement. A l’aide de l’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle (fMRI), ils ont découvert que le gyrus temporal supérieur antérieur droit (RH-aSTG) était plus activé lors de résolutions de problèmes avec insight. Dans la deuxième partie de leur étude, ils ont utilisé des mesures par électro-encéphalographie (EEG) et constaté, juste avant la réponse signalant que la solution avait été trouvée par insight, une soudaine arrivée d’ondes gamma au niveau du RH-aSTG, précédée d’une poussée d’ondes alpha au niveau pariétal postérieur droit. Leurs conclusions sont que les deux types de résolution de problèmes (avec insight et sans insight) impliquent des mécanismes neuronaux distincts. L’effet observé en fMRI peut être liée selon les auteurs au fait que la région RH-aSTG est impliquée dans des réseaux sémantiques distants, étendus et faibles (la même région du côté gauche est impliquée dans des réseaux sémantiques au contraire plus précis, étroits et forts), qui permettent de faire davantage de connexions, et ce de manière plus inhabituelle ou nouvelle. Cette structure serait donc plus propice à une activité de « ré-intégration » des données du problème permettant une solution lorsque l’appel à des liens sémantiques plus conventionnels ne sont pas suffisants. L’explosion d’ondes gamma observée pourrait être expliquée selon Jung-Beeman et al. par le passage de la solution d’un état inconscient à un état conscient, rendant compte de l’impression subjective du moment « eureka » typique de la résolution de problème par insight. La présence d’ondes alpha pourrait impliquer une forme d’inhibition de l’activité sémantique forte gauche qui laisserait plus de place à l’activité sémantique droite plus discrète.
Il semble de plus que l’état attentionnel dans lequel la personne se trouve avant qu’on lui présente la tâche à résoudre et l’état d’activation du cortex cingulaire antérieur constituent une forme de préparation neurologique. Les chercheurs pensent que lorsque le cortex cingulaire antérieur est activé préalablement à la tâche de résolution de problème, cela pousse le cerveau à détecter l’existence de plusieurs stratégies de résolution, rendant ainsi possible l’accès à celles basées sur les liens sémantiques faibles de l’hémisphère droit. Si l’attention est à ce moment dirigée vers ces liens sémantiques faibles, cela peut conduire à la prise de conscience de l’insight. On considère donc que « […] l’état transitoire du focus attentionnel, variant d’un essai expérimental à l’autre, aide à déterminer le champ des solutions potentielles que la personne se prépare à considérer quand on lui présente un problème : une attention dirigée vers l’extérieur couplée à une activité faible du cortex cingulaire antérieur concentre le traitement sur les possibilités et les aspect dominants de la situation; une attention dirigée vers l’intérieur et une activité forte du cortex cingulaire antérieur augmentent la sensibilité à des associations distantes faibles et à des idées de solutions improbables. (traduction de l’auteur) »(Kounios & Beeman, 2014). Le cortex préfontal joue sans doute également un rôle dans l’orientation vers les processus d’insight : Lorsqu’il est actif, il permet de limiter l’action du cortex cingulaire antérieur pour concentrer l’attention vers les idées les plus pertinentes et viables. Pour procéder par insight, le cerveau doit donc inhiber l’activité du cortex préfrontal. On a montré que des personnes ayant une lésion du cortex préfrontal réussissent mieux certaines tâches d’insight que les personnes normales (Reverberi, Toraldo, D’Agostini, & Skrap, 2005).
La phase d’incubation qui se produit entre la préparation et l’intimation dans le modèle de Wallas a été beaucoup étudiée en neurosciences car elle est comprise comme la phase où se produisent les mécanismes sous-jacents à l’insight.
Dans son livre « Incubation in problem solving and creativity, unconscious processes » de 2019, Kenneth J. Gilhooly fait l’état des lieux de la recherche sur ce sujet (Gilhooly, 2019). Il semble, selon ses recherches, que l’incubation soit une phase incontournable du processus d’insight et que des mécanismes inconscients spécifiques soient à l’œuvre, tels que ceux décrits par Kounios et Beeman. « Globalement, il y a un consensus général parmi de nombreux théoriciens sur l’idée que la pensée ou le travail inconscients sous la forme de processus associatifs implicites impliquant des activations neuronales dispersées (similaires au concept de « chaine associative » de Wallas (1926)) est une explication possible des effets d’incubation. (traduction de l’auteur) » (Gilhooly, 2019, p. 73)
L’idée que les capacités d’insight sont liées à nos capacités d’abstraction et de créativité est de plus en plus présente dans la recherche en neurosciences cognitives. Par exemple, selon la Construal-level Theory(qu’on pourrait traduire par « théorie des niveaux de perspective ») de Trope et Liberman (2010), plus on oriente notre pensée vers des lieux et des temps éloignés, plus cela nous amène à penser de manière abstraite et plus cela favorise l’insight et la créativité. Certains chercheurs ont démontré qu’en orientant préalablement la pensée des sujets expérimentaux vers des lieux et des temps distants, ces sujets avaient davantage tendance à résoudre des problèmes par l’insight que par l’analyse rationnelle (Förster, Friedman, & Liberman, 2004).
Les études utilisant le fMRI et les EEG étant toujours corrélationnelles, il est impossible de certifier que les activités neuronales mesurées sont la cause des comportements observés. Or, l’utilisation des méthodes de stimulation neuronale par courant direct transcrânien (tDCS) permet aujourd’hui de contourner cette lacune. En stimulant le lobe temporal antérieur droit et en inhibant la zone correspondant à gauche, on a montré que 42% des sujets trouvaient la solution du problème des 9 points, contre 0% dans les situations contrôle (Chi & Snyder, 2012). Le problème des 9 points est reconnu comme une tâche demandant un traitement cognitif par insight. Cette expérience permet de suggérer une réelle relation de cause à effet entre activation neuronale et processus d’insight. « De telles études sur la stimulation constituent des efforts encourageants pour soutenir l’idée que l’insight repose relativement plus sur les processus des lobes temporaux droit que gauche. Elles suggèrent également la possibilité séduisante que les techniques de stimulation neuronale seront un jour si raffinées qu’elles offriront la possibilité à une personne aux prises avec un problème difficile d’enfiler un ‘bonnet de pensée’ qui augmentera sa capacité à trouver des solutions. » (Kounios & Beeman, 2014). Le but de ce projet de doctorat est d’obtenir le même effet à l’aide des techniques d’Erickson.
Dans leur article « How memory replay in sleep boosts creativity in problem-solving », Lewis, Knoblich et Poe parlent des phénomènes de relecture de mémoire durant le sommeil et présentent leur modèle « Broader information Overlap to Abstract (BiOtA) » : « Les mécanismes de relecture des souvenirs durant la phase non-REM [REM : Rapid Eye Movement] permettent d’abstraire des règles à partir d’ensembles d’informations acquises, alors que la relecture durant la phase REM pourrait promouvoir des associations nouvelles. Nous proposons l’idée que l’entrelacement itératif des phases non-REM et REM durant une nuit augmente la formation de cadres complexes de connaissances et permet à ces cadres d’être restructurés, facilitant ainsi la pensée créative. (traduction de l’auteur) » (Lewis, Knoblich, & Poe, 2018).
Ils expliquent comment la phase de sommeil à ondes lentes permet la relecture presque simultanée d’un grand nombre de souvenirs codés de manière épisodique dans l’hippocampe. Lorsque des éléments de souvenirs se ressemblent, ils consolident des connexions synaptiques (Hebbian plasticity), créant ainsi l’encodage d’une abstraction ou connaissance générale qui sera stockée dans le néocortex. Les auteurs présentent l’exemple de souvenirs d’anniversaires : lorsque de nombreux souvenirs d’anniversaires sont rejoués dans un temps très court durant le sommeil à ondes lentes, des éléments communs comme « bougies », « gâteau » ou « cadeau » provoquent des renforcements synaptiques à cause de leur fréquence. Lorsque les souvenirs disparaissent naturellement, ces trois éléments qui ont un encodage plus solide restent pour former une abstraction ou connaissance générale de ce qu’est un anniversaire.
Le sommeil REM a une action différente : la relecture dans le néocortex des abstractions créées à l’étape précédente, en conjonction avec la relecture d’autres souvenirs aléatoires (durant le REM, des ondes ponto-géniculo-occipitales provoquent des activations massives et aléatoires) permet la création de niveaux supplémentaires d’abstractions ainsi que des liens sémantiques entre abstractions : les auteurs font l’hypothèse que le cycle de succession de ces deux phases du sommeil permet la construction de la richesse de la connaissance humaine. (Lewis et al., 2018)
Ce modèle permet de mettre en lumière le lien entre pensée créatrice et abstraction. En effet, on comprend comment une idée nouvelle ou un insight peut être le résultat d’une association entre des idées préexistantes ou celui d’un processus d’abstraction permettant d’inventer un concept ou une catégorie. Le modèle BiOtA propose une explication de la formation de ces associations et abstractions. Cette capacité d’abstraire est donc en quelque sorte possiblement à l’origine de la capacité d’insight.
Dans la technique de la permissivité d’Erickson, les locutions comme « je ne sais pas si… », « je ne sais pas comment… » et « et peut-être autre chose… autrement… » sont des suggestions d’envisager plusieurs possibilités, plusieurs voies de réflexion et de solutions. Cela mènerait-il possiblement à l’activation du cortex cingulaire antérieur et/ou à une inhibition du cortex préfrontal ? Par ailleurs, tout le cadre de l’induction hypnotique, formelle ou informelle, tend à concentrer l’attention vers l’intérieur, ce qui est également constaté dans la neuroscience de l’insight (« ce que fait votre conscient n’a aucune importance, ce qui est important est ce que votre inconscient peut entendre/faire… » ou « je me demande si vous sentez des picotements dans votre main gauche ? ou dans votre main droite ? Ou peut-être ailleurs ? »). Erickson amenait souvent ses patients à se concentrer sur de petites perceptions faibles et insignifiantes, comme prélude à quelque chose de plus essentiel.
Le modèle « Construal level theory » met en lumière l’importance probable de l’orientation temporelle et spatiale du chercheur lors de notre intervention : il nous semble pertinent que les interventions expérimentales orientent le chercheur vers une perspective distante, comme par exemple s’imaginer dans un an en train d’expliquer la solution au problème à un journaliste.
Le modèle BiOtA appelle à s’interroger sur la possibilité que les processus de formation d’abstractions et d’associations de données et de concepts à l’œuvre durant le sommeil se produisent aussi dans d’autres états mentaux, comme la rêverie, l’état hypnotique ou les moments d’incubation liés à la résolution de problème par insight.
Certains chercheurs ont même montré que l’exposition à la couleur verte pouvait favoriser l’initiation des processus créatifs (Yu, 2020), du moins lorsqu’ils impliquent une imagerie mentale visuelle. Là aussi, cet élément serait intéressant à intégrer dans notre outil d’intervention, en demandant par exemple au participant de fixer son regard sur un stimulus vert durant la première phase de l’intervention, ou encore en suggérant des images mentales de couleur verte lors de l’intervention.
Le phénomène d’insight en tant que mobilisation de ressources cognitives inconscientes tel que décrit par Gilhooly (nouvelles associations et ré-associations, recadrages, créations de nouveaux concepts) trouve beaucoup d’écho dans la conception ericksonienne de l’inconscient « boite à outils ».
Il nous semble que l’utilisation des outils ericksoniens pour favoriser la venue d’insight chez les chercheurs en science est un projet fortement soutenu par la neuroscience récente de l’insight. Dans ses dernières années, Erickson pratiquait surtout une forme conversationnelle et informelle d’hypnose, au point que certains auteurs parlaient de thérapie sans hypnose. L’important était certainement la mobilisation des ressources inconscientes et l’hypnose formelle est un moyen comme un autre d’y parvenir. D’autre part, l’état hypnotique n’a pas trouvé jusqu’à présent d’explication neuro-cognitive claire (Landry, Lifshitz, & Raz, 2017). Nous pensons donc qu’il serait peu avisé d’annoncer à nos participants que nous pratiquerons l’hypnose durant notre expérimentation : nous préférons parler d’une « Activation des Ressources Inconscientes » (ARI) pour expliquer les outils que nous projetons d’employer.
Notre travail se divisera en deux parties : dans la première, nous tenterons de combler le peu de données existant sur l’existence du phénomène d’insight dans la recherche en sciences. En effet, à part l’étude des récits anecdotiques sur les circonstances de certaines découvertes scientifiques, très peu d’études ont entrepris de mesurer la présence de l’insight dans la population actuelle des chercheurs. Notre objectif visera donc à donner une description actuelle de ce phénomène. Nous faisons l’hypothèse que les expériences d’insight existent chez les chercheurs en sciences, qu’elles sont utiles et qu’il est possible d’identifier les circonstances de leur survenue.
Dans la deuxième partie de ce travail, nous faisons l’hypothèse que les outils éricksoniens peuvent être utilisés pour favoriser la survenue d’insight utiles chez les chercheurs en sciences dans des contextes où la pensée scientifique n’a pas produit de résultats satisfaisants. Il s’agit donc de la partie expérimentale de notre projet qui a comme objectif de déterminer la pertinence de nos outils. Nous proposons d’utiliser les outils ericksoniens, de manière individuelle, avec des chercheurs. Nous souhaitons les rencontrer au cours de plusieurs séances et de les aider au sujet de problèmes de recherche qu’ils auront eux-mêmes choisis et qui sont caractérisés par leur aspect de blocage ou d’impasse. Des tentatives ont déjà été faites pour former des chercheurs à des outils de créativité (Ulibarri et al., 2019), mais nous pensons qu’il est irréaliste de penser qu’ils les utilisent spontanément sans soutien et dans des situations professionnelles souvent stressantes. Nous pensons que le soutien actif de l’intervenant au moment du travail est essentiel. Notre objectif sera ici de montrer que nos outils aideront les participants à expérimenter des insights qu’ils jugeront utiles à la résolution du problème.
Les deux études que nous projetons de réaliser sont fortement exploratoires. Tant au niveau de la mesure du phénomène d’insight dans la recherche scientifique qu’au niveau des tentatives expérimentales de provoquer l’insight, la littérature spécialisée est très limitée. Nous avons trouvé un seul article datant de 1979 qui relate l’utilisation de techniques hypnotiques pour favoriser la résolution de problèmes par insight (Davé, 1979). Quant aux études un peu rigoureuses sur l’occurrence du phénomène d’insight en science dépassant le stade des anecdotes, elles se comptent sur les doigts d’une main et les échantillons ne dépassent pas 40 participants intéressés par le sujet (Gilhooly, 2019).
Il est donc assez difficile de planifier avec précision la taille des échantillons nécessaires et les tailles d’effets auxquelles on peut s’attendre. Les sections « Analyses » des deux études sont volontairement peu détaillées, de façon à nous permettre de choisir nos outils en fonction des données collectées. Les analyses seront mixtes avec une importance particulière accordée au qualitatif, afin de pouvoir dégager de ce projet des domaines d’étude permettant de concevoir de futures analyses plus quantitatives.
La première partie de ce travail visera à prendre une photographie des expériences d’insight dans la recherche scientifique. Les études menées jusqu’ici dans ce sens ou dans des contextes s’en rapprochant (Ovington, Saliba, Moran, Goldring, & MacDonald, 2018; Root-Bernstein, Bernstein, & Garnier, 1995) sont très peu nombreuses et assez anciennes (Gilhooly, 2019). Nous pensons qu’il serait intéressant de donner dans un premier temps une image actualisée de la réalité du phénomène d’insight dans la communauté scientifique : les chercheurs en sciences font-ils l’expérience d’insights au sujet de leur travail, et si oui, dans quelle mesure?
Le devis adopté pour cette première partie est exploratoire et utilise une démarche mixte quantitative-qualitative (Corbière & Larivière, 2020). Le processus choisi proposera deux questionnaires : le « questionnaire court » servira à dresser un premier état des lieux, comprendra trois questions fermées et sera proposé en ligne; le « questionnaire rencontre » aura comme objectif d’investiguer l’insight de manière plus approfondie avec des questions ouvertes et fermées, au travers d’un entretien individuel semi-dirigé de 20 à 30 minutes (voir Annexes 1 et 2). En l’absence d’instruments de mesure validés existants, nous avons créés ces deux questionnaires en nous inspirant des rares études trouvées (Gilhooly, 2019; Ovington et al., 2018; Root-Bernstein et al., 1995; Root-Bernstein, Van Dyke, Peruski, & Root-Bernstein, 2019). La validité apparente (face validity) du questionnaire 2 sera testée au préalable auprès de 2 ou 3 chercheurs (Corbière & Larivière, 2020).
Afin d’avoir la représentation la plus fidèle possible du phénomène d’insight, nous tenterons de rencontrer des équipes de recherches entières ou des départements universitaires entiers. Cela nous permettrait de mieux cerner la réalité et d’éviter le biais consistant à ne constituer l’échantillon qu’à partir de participants qui ont préalablement manifesté un intérêt pour le sujet de l’insight.
Dans les cas où cela serait possible, nous rencontrerons directement chaque chercheur individuellement pour lui soumettre le questionnaire rencontre. Dans le cas contraire, nous proposerons tout d’abord le questionnaire court en ligne à tous les chercheurs d’une équipe et contacterons ceux qui auront donné leur accord de poursuivre pour leur proposer un entretien pour le questionnaire rencontre.
Dans la deuxième partie de notre travail, nous souhaitons évaluer la capacité des outils éricksoniens à provoquer des phénomènes d’insight dans le contexte de la recherche scientifique. Nous pensons que les processus inconscients mis en jeu dans la psychothérapie éricksonienne et ceux mis en jeu durant les processus d’insight sont suffisamment proches pour que les outils éricksoniens soient efficaces. De nombreuses études ont testé la résolution de problème par insight sur base de problèmes de laboratoire identiques pour tous les participants avec des solutions existantes connues des auteurs. Afin de nous rapprocher de la possibilité d’une application concrète, nous choisissons de tester notre outil sur des problèmes de recherche réels qui n’ont pas encore de solutions. Ces situations seront par conséquent nécessairement moins bien contrôlées que celles, plus artificielles, qui prévalent dans la littérature.
Le devis retenu ici est un processus expérimental. Cinq rendez-vous d’une durée de 15 à 45 minutes en présentiel devront être pris avec chaque participant (pour une durée totale d’environ 3h30 sur une période d’environ un mois et demi), en respectant une pause d’environ une semaine entre les entretiens :
1er entretien : définir le problème (30-45 min)
2e entretien : début traitement (30-45 min)
3e entretien : traitement (30-45 min)
4e entretien : fin traitement (30-45 min) - pause d’environ un mois
5e entretien : évaluation (15-30 min) – pause de 6 mois
6e entretien : évaluation (15-30 min) – pause de 5 mois
7e entretien : évaluation (15-30 min)
Au cours du premier entretien, les participants seront amenés à décrire un problème de recherche réel qui n’a pas encore trouvé de solution. L’expérimentateur poussera la demande d’explication jusqu’à avoir une description claire et précise de ce qui bloque dans le problème. Il est important de travailler avec la représentation la plus tangible, précise et concrète du problème. D’autres questions seront ensuite soumises au participant, permettant de recueillir des données sur la perception qu’il a du problème choisi : faisabilité, intérêt, motivation, volonté d’investissement et impact sur la vie professionnelle. Au cours des trois entretiens suivants, les participants recevront le traitement expérimental éricksonien pendant 30 à 45 minutes. Il sera expliqué au participant qu’il ou elle participe à une étude évaluant l’impact de différentes méthodes pour favoriser l’insight. Le dernier entretien aura lieu un mois après le quatrième et servira à recueillir les données post-traitement : la perception de la faisabilité, les éventuelles expériences d’insight, idées neuves et avancées.
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